Conseils photo de tony Ray-Jones ou manifeste ?
Manifeste…
Houlala le grand mot !
Un peu de définitions :
Conseils photo, règles, contraintes, manifeste, quel que soit le terme employé, c’est une profession de foi autour d’un concept, d’une idée ou d’une vision.
Ce sont certainement les choses les plus difficiles à saisir et à caractériser, mais ils donnent un axe, une « couleur » à votre travail.
L’histoire de la photographie en compte plusieurs.
Le Manifeste du Groupe f/64 (1932)
Un groupe de photographes américains, dont les plus célèbres comme Ansel Adams et Edward Weston, créa ce manifeste.
Ils prônaient l’utilisation de vastes profondeurs de champ et de négatifs de grand format pour obtenir des images extrêmement détaillées et nettes.
Le nom « f/64 », vous le savez, vient du réglage d’ouverture le plus petit sur leurs boitiers, qui permettait de gagner cette profondeur de champ étendue.
Le Manifeste du Surréalisme (1924)
C’est chez nous celui-là.
Bien que ce manifeste ne soit pas exclusivement photographique, il eut une influence majeure sur de nombreux photographes.
André Breton, le père du surréalisme, a encouragé l’exploration de l’inconscient et du rêve dans l’art.
Des artistes comme Man Ray et Maurice Tabard ont utilisé des procédés tels que la solarisation et la double exposition pour concevoir des images surréalistes.
Le Manifeste du New Topographics (années 1970) :
Plus proche de nous, le New Topographics était un mouvement photographique qui cherchait à documenter l’impact de l’urbanisation et de l’industrialisation sur le paysage américain.
Les photographes de ce mouvement exploitaient souvent des boitiers grand format ainsi que des techniques de prise de vue objective pour créer des visions qui reflétaient la banalité et la monotonie des perspectives urbaines et suburbaines. Les représentants les plus connus de ce courant sont Robert Adams, Lewis Baltz et Stephen Shore.
Pour la street photography ?
Je n’ai rien trouvé sauf le bouquin de Jean-Christophe Bechet qui tente une définition qui va bien au-delà de l’authenticité, la spontanéité, le contexte et l’anonymat.
Voilà certainement ce qui nous manque, à moins que l’on n’arrive pas à cerner et décrire le processus photographique qui nous anime.
Or, nous en avons besoin.
Il permet de délimiter les idées, les valeurs ou les objectifs que vous suivez.
C’est un cadre utile afin de ne pas se disperser, affirmer une marque à vos images.
Elles seront reconnues avant de lire votre nom.
C’est en ce sens que les notes à suivre de Tony Ray-Jones constituent presque un manifeste de photographe.
Presque ?
Le manifeste ne peut pas se contenter de dimensions techniques et éthiques. Les idées et les concepts doivent y trouver leurs places.
Ainsi pour les New Topographies, le grand format et les pratiques de prise de vue objective en font partie, mais la notion d’aborder la monotonie et la banalité des banlieues est plus importante.
De même, le groupe «f/64» rejetait les tendances pictoralistes de l’époque et recherchait à capturer la réalité dans ses moindres détails.
L’utilisation de l’immense ouverture est la conséquence et non la cause.
Ici, même si nous pouvons lire entre les lignes les dimensions artistiques répercussions de ses choix, elles ne sont pas franchement évoquées.
Voilà bien l’histoire de ce « presque » à mon sens.
Trêves de réflexion !
On s’en inspire ?
Alors Go !
Bonjour,
Je vous remercie pour la qualité de ce que vous proposez pour les photographes de rue, amateurs, comme moi (ou non)…et je me retrouve comme beaucoup lors de l' »éditing » …quel vilain mot, à me dire « qu’est-ce que tu cherches à raconter à travers tes photos? malheureusement, souvent pas grand choses!!!
Cependant c’est un grand bonheur de déambuler dans les rues, à prendre le pouls du monde heureux (ou non) qui nous entoure et d’en faire partie.
Je vais m’inspirer de ce manifeste en me disant qu’essayer de le suivre est en soi une petite victoire…promesse peut-être de grande satisfaction.
Merci pour vos publications et votre humour que je retrouve dans vos billets parfois.
En toute amitié.
Laurent