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LA mesure de la lumière en street photography

Bandeau de présentation de l'article, la mesure de la lumière en street photo

Cet article traite de la mesure de la lumière appliquées à la street photography.

Après un tour de table des différents outils de mesure de l’exposition, nous tenterons de définir leurs utilités mais aussi leurs difficultés d’application en photo de rue pour la gestion de la lumière.
Nous ferons ensuite un petit tour sur une astuce du temps de l’argentique qui fonctionne toujours très bien.
Pour terminer, la street photo impose quelques règles simples que la mesure de l’exposition doit intégrer.

Alors prêt pour affrontez la mesure de l’exposition ?

Go !

Table des matières

Les difficultés de la mesure de la lumière

Encore un article sur la mesure de la lumière…

Le marronnier de la photographie a t-il encore frappé ?

Peut-être et vous me le direz à la fin de l’article.

Si vous faites de noir et blanc de temps en temp, vous avez certainement constaté que la peau de vos sujet est quelque fois un peu trop grise.
Passe encore si vous avez affaire à un marin grec mais si c’est un habitant de Narvik à la sortie de l’hiver, vous pouvez être en droit de vous poser des questions.

Que se passe t-il ?
Et bien la cellule de votre boitier en mode centrale pondérée ou matricielle a fait sa tambouille.

Allez on approfondit le sujet rapidement.

Des ombres bouchées aux blancs cramés

Vous connaissez bien le principe du triangle de l’exposition, vous être à l’aise avec votre boitier et vous tenter de corriger ce qui peut l’être un peu à l’arrache en vérifiant soit l’histogramme, soit le résultat sur l’écran de votre boitier.
En règle générale, ça va. C’est petit mais ça va.
Tel Zorro sur son cheval, Lightroom est là pour vous aider et vous corrigerez globalement et ici ou là dans le module de développement si vous vous êtes égaré.

Mais alors pourquoi se faire ch… avec la mesure de la lumière si on peut corriger ensuite.

Vous possédez la réponse, elle est répété à souhait partout sur Internet et au delà.
La qualité de votre photo sera supérieur si vous utilisez une mesure correcte dès la prise de vue.
Avez-vous déjà essayé de déboucher des ombres vraiment trop sombres ?
ça crachouille !
Idem pour un ciel complètement cramé …

C’est mort !
Vous vous retrouvez avec un aplat blanc sans détail même en forçant sur les glissières « Blanc » et « haute lumière » de Lightroom.

Mais en dehors de tout cela, les explications sont assez légères.

Rare sont les explications qui s’aventurent au delà de la molette de correction.

Tout ceci, c’est lorsque vous avez le temps de cadrer, mesurer la lumière, chose bien compliquée à obtenir en photographie de rue.

Dans les conditions de la street photography, des possibilités sont offertes pour adapter rapidement sa mesure à son environnement.

L’idée consiste à analyser et anticiper la lumière.

Vous avez vue ?

Je parle d’analyse de la lumière.

Et oui, avant de vous jeter sur votre cellule, vous devez connaitre ce que vous désirez obtenir.

C’est le but de cet article : comprendre la lumière de votre environnement et d’anticiper le réglage de votre boitier afin d’obtenir une bonne exposition le plus rapidement possible.
On commence ?

Alors on y va..

Fonctionnement des modes de mesure de la lumière dans un appareil photo

Comprendre les modes de mesure de la lumière utiles en photographie de rue

Commençons par le basique et par le début.

La première des mesures, la plus basique et qui fonctionne toujours:

La règle du f/16.

C’est très simple.

Commencez par positionner votre sensibilité à 400 ISO par exemple.

La vitesse sera 1/ISO, ici sera 1/400 sec.
Si vous aviez choisi 200 ISO, la vitesse à régler sera de 1/200 sec.

Maintenant, si vous avez un grand soleil, le diaphragme a prendre sera f/16.

Soleil voilé ? On descend d’un diaphragme f/11

Et ainsi de suite avec le tableau suivant qui fonctionne super bien.

Ouverture Luminosité
f/22 Soleil sur neige ou sable clair
f/16 Soleil brillant (ombres nettes)
f/11 Soleil voilé (ombres douces)
f/8 Clair mais nuageux (sans ombres)
f/5,6 Très nuageux ou ombre découverte
f/4 Soleil couchant
+ 0,5 IL Contre-jour

Wikipédia

La cellule à main ou posemètre

Une déclinaison toute simple du tableau ci dessus. On mesure le nombre de photon, en provenance du sujet , percutant un peu de silicium ou autre.
Ce dernier possède la particularité de transformer les photons en électricité. Ajoutez une aiguille sur un cercle de vitesses et de diaphragmes et vous obtenez quelque chose de plus précis.

Cette appareil offrent deux possibilités :
– Lumière incidente. Vous globaliser la lumière arrivant SUR votre sujet avec une petite boule d’intégration.
-Lumière réfléchie. Vous mesurez la lumière provenant DE votre sujet.
Avez-vous remarqué le « SUR » et le « DE » ?
On y reviendra…

Continuons avec :

La mesure pondéré centrale

La cellule centrale pas franchement pondérée du Leica CL des années 70

Une première évolution à la cellule à la main qui prenait en compte la totalité de la scène.
Les industriels, en analysant nos chefs-d’oeuvre, ont constaté que généralement le sujet était à peu près au centre de la scène.
En toute logique, c’est ce dernier qu’il convenait d’exposer correctement. Mais en faisant aussi attention à l’environnement pour éviter du cramé ou du bouché autour. La mesure centrale pondérée était née.

La mesure matricielle

Encore une évolution !
L’idée réside toujours dans la compréhension des sujets capturés.
En général, le ciel est en haut, la terre en bas, le sujet (souvent vos gamins ou mamie) au centre et à droite ou à gauche des éléments moins importants.
Nous voilà avec des « espaces » que l’on va appeler des « matrices »
L’algorithme de la bestiole travaille et équilibre tout cela et vous donne un chiffre.
Super !

Dans la plupart des cas, ça fait le job.
Mais on y comprend rien et ne sait pas trop comment notre norvégien en bord de cadre va sortir sur la cliché final.

J’allais oublier la fameuse :

Mesure Spot

Cette dernière isole 1° ou 2° de la scène. Ainsi vous mesurez individuellement chaque partie de votre cadrage.
Encore faut-il savoir quoi en faire.

J’imagine que vous connaissiez tout cela.

Vous savez les utiliser (le plus souvent une molette ou un bouton à actionner). Mais comment interprètent-elles les photons bombardant joyeusement mamie ?

Allez suivez moi et jetons un éclairage sur le notion de gris 18%.

Utilisation des différents type de mesure de la lumière en Street Photography

Guide pratique de la mesure spot en street photography

Petite précision pour éviter toutes ambiguïtés. Nous allons débattre de la mesure de l’intensité de la lumière.
Plus ou moins forte.
En aucun cas de notion de couleur.

Ayez en tête le clair et le sombre.
Mais comme, les mots manquent pour aborder les valeurs intermédiaires, nous allons parler de noir, gris et blanc et de toutes les valeurs entre ces deux extrémités.

A votre avis, de ce que l’on a vu avec notre bon Ansel Adams, quel est le gris entre le noir le plus profond et le blanc le plus clair ?

Eh bien celui placé en zone 5 (0 très noir et 10 très blanc)

 

Bien vue !

Le 18% est au milieu et permet d’avoir une large gamme de gris à droite et à gauche..
Et bien, les appareils photos d’hier et d’aujourd’hui cherchent les combinaisons de diaphragme, ISO et vitesse afin d’obtenir cette valeur d’intensité lumineuse.

Lorsque la mesure Spot est activée et que vous visez la joue de votre petit dernier, la luminosité restituée sera en zone 5 comme un gris à 18%.
Peut être un peu sombre ou clair suivant le type de peau, mais l’appareil photo est calibré ainsi.
A vous de corriger cette vision.
La correction s’avère plus difficile avec les mesures pondérées centrales ou matricielles, car elles agrègent différentes valeurs suivant la place occupée.

Du coup, on se sait pas très bien ce qui est pris en compte.

Dans notre monde de couleurs, le gris moyen se cache extrêmement bien.
Une manière pour estimer la quantité de lumière sans être perturbé par la couleur consiste à fermer ses yeux.
Oui, d’accord pas complètement, sinon c’est du noir, mais juste avant. Les couleurs s’estompent et la différence de luminosité peut s’apprécier.

Autre solution, se baser sur un tableau reprenant les différentes zone de différents objets.

Type de sujet Modifier la valeur posemètre de :
Neige au soleil, surface peinte en blanc, tissu blanc propre +2iL
Sable clair, tissu clair, peinture « blanc cassé », plâtre, ciel gris lumineux +1iL
Vêtement laine écrue, mur en brique claire, herbe verte, ciel gris sombre ou ciel bleu Pas de correction
Bois sombre, terre fraîchement labourée, feuilles d’automne, feuillage vert sombre, ciel bleu assombri par un polariseur -1iL
Forêt de conifères sombres, vêtement de couleur foncée -2iL
Tissu noir mat -3iL

Une petite remarque :
les ingénieurs de toute l’industrie photographique se cassent la tête pour nous offrir le meilleur résultat sans effort de notre part.
Mine de rien, ça fait très souvent le job très bien et les petites différences se corrigent aisément avec Lightroom.
Mais quelques cas méritent un peu d’attention.

Utilisation optimale de la mesure de la lumière pondérée centrale en photographie de rue

Cela fonctionne bien mais on ne sait pas trop bien ce qui est fait. Dès que la lumière devient difficile ou que des conditions extrêmes se présentent, les contrastes élevés ne sont plus gérés ou alors les photos sont ternes.
Je vous laisse imaginer une situation que j’ai vécu.
Je me baladais sur une place bordelaise inondée de soleil. 

Ce jour était dédiée aux antiquaires bénéficiant pour l’occasion de cabanes abritant leurs marchandises du soleil et de la pluie.
Donc l’allée était baignée de soleil et l’intérieur des stands restaient dans l’ombre.

Comment faire la mesure pour ne pas cramer le ciel ou boucher l’intérieur ?

Une solution, partager son cadre en mi ombre mis lumière pour imposer un choix moyen et recentrer.
Mais je ne connais pas l’algorithme pour un mesure matricielle.

Ou alors, éliminer l’environnement…

Un choix se présente, en street photo, hors de question d’attendre.
Prendre et voir au développement.

A l’ancienne, on peut imaginer de mesurer l’exposition la partie sombre et la partie claire avec la mesure spot.

On obtient ainsi l’écart de luminosité.

Par exemple f/16 pour la partie claire et f/4 pour le stand.
4 diaphragmes. (f/4 f/5.6 f/8 f/11 f/16)
Choisir f/8, permet de plonger l’antiquaire en zone 3 (On a des détails) et la personne en zone 7 (ça le fait).

Seul inconvénient, ce n’est pas trop rapide.

Expérience pratique : le gris moyen à 18%

Avez vous déjà fait ce test ?

Pas très scientifique mais instructif.

Prenez votre appareil favori, et sélectionnez la mesure de l’exposition « spot ».
La mesure de la lumière se fait sur une toute petite zone de 1 ou 2° au centre de votre boitier.
Mettez-vous en « Live View » sur l’écran ou dans l’oeilleton et mesurez la lumière sur les objets qui vous entourent.
Par exemple, visez l’écran noir de la tablette ou de la plaque de cuisson, puis la planche à découper ou la table blanche et observez le rendu en noir et blanc de ces objets.
L’appareil les transforme suivant sa charte de gris à 18 %.

Vous obtenez ?

Mesure spot sur l’écran noir de l’ipad
Mesure Spot sur la table blanche

Le noir devient gris et le blanc plonge sensiblement dans le même gris.

Votre boitier ne sait pas reconnaitre les couleurs, il transforme tout en niveau de gris.

Un gamin de trois ans le fait sans problème.
Et lui, qui coute un bras, et il les ignore.

L’affaire est entendue, vous pouvez avoir une bombe dans les mains, il calibre toujours l’image sur un gris moyen à 18 %.
Et ceci afin qu’elle puisse intégrer le cliché du blanc jusqu’au noir.

Conséquence, même en solution matricielle ou je ne sais quelle invention marketing, vous serez amené un jour ou l’autre à estimer si votre scène s’éloigne globalement ou de ce fameux 18 %.

Vous voilà armé pour partir au front des différentes mesures de la lumière.
Équipement OK ?
Paquetage et sac à dos ?

Suivez-moi, on va dans la rue !

Gestion de la lumière dans la rue

Mesure de la lumière spot : Utilisation précise du point de mesure pour des sujets particuliers

Pourquoi pas, la mesure spot octroie une indication plus que précise sur votre sujet principal, mais…
Vous n’aurez aucune finesse sur son environnement.

Afin d’éviter des ombres plongées dans l’enfer ou des blancs cramés, la mesure des valeurs extrêmes peut s’imposer sur des scènes à fort contraste.
Vous allez jouer de la cellule et vous perdrez l’importance du sujet.

En photographie de rue, ce dernier reste rare, fugace, incertain.
Toute votre attention doit être focalisée sur lui et lui seul.

Mais pourquoi pas sur une zone où vous demeurez en fishing?
Vous bénéficiez de tout le temps pour réaliser vos ablutions avant que le sujet ne surgisse.

À vous de bien choisir la cible de vos mesures.

En revanche, si vous progressez dans un univers changeant comme peut l’être la rue, vous allez manquer de réactivité car vous devrez rechercher la ou les bonnes zones avant de shooter.

Donc cette mesure présente de nombreuses contraintes mais elle permet « d’apprendre » la lumière, sa valeur, son volume, ses écarts.

À utiliser avec parcimonie et à vous les jeux d’ombres et de lumières.

Mesure de la lumière pondérée ou centrale, matricielle, ou moyenne…

Tout est dans le titre.

Pour aider le photographe, les industriels ont pensé que le sujet (souvent une personne) figure au centre du cadrage.
Donc, la bonne exposition doit résider dans cette zone. Si l’homme est blanc, c’est cool, elle apparaît voisine du gris à 18 %.
Mais, d’autres composantes sont à prendre en compte comme l’environnement qui ne doit pas devenir complètement noir ou cramé.
D’où la notion de mesure pondérée centrale. Le centre est privilégié mais on accorde un peu de poids au reste.
Encore plus intelligente, la mesure matricielle.
Chaque élément de la photo est évalué. En haut c’est le ciel (en général), en bas la terre, et au centre le sujet. Un joli algorithme va interpréter tout cela et donner une solution qui apparaîtra la plus équilibrée pour votre scène.

Mine de rien le boulot accompli par les industriels est énorme.
Vous ignorez complètement la recette de cuisine employée.
Vous ne pouvez guère modifier le sel ou le poivre.
Vous dégustez et c’est tout.
La recette est excellente dans 95 % des cas.

Vous ne vous occupez plus de l’intendance et en chasseur, vous arpentez la rue.

Mais vous ne savez jamais comment l’algorithme gère la lumière.

Globalement tout va bien mais si vous décidez de privilégier une zone ou laisser dans l’ombre une partie, vous vous retrouverez à jouer avec la molette de correction d’exposition ou directement avec la vision numérique dans le viseur ou sur l’écran.

La mesure via le technique « zone System »

Cette mesure reste plus confidentielle mais permet de comprendre l’exposition et de la maitriser.
L’origine de ce principe nous vient de Ansel Adams.
Pour faire simple, un paysage en lumière et non pas en couleur va du plus sombre au plus clair possible.
Cet espace est divisé en 11 zones (de 0 à 10 cela nous donne 11 zones)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Zone_system

Chaque élément de la scène est évalué pour une zone.

Un visage d’homme caucasien dans le soleil ese situe plutôt sur la zone 6.

Notre bonne vieille charte de gris à 18 % réside dans la zone 5.

La mesure de la lumière en manuel

Je vous entends déjà !
Mais pourquoi se faire chi… ?
Il vient de nous dire que la mesure matricielle ou même la pondérée centrale demeurait plus que souvent au top et maintenant ça change.

Et oui parce que rien n’est simple.

Imaginez que vous planquez à un carrefour à fureter le passant.

L’arrière-plan présente des valeurs très différentes de luminosité.

Cela peut être le ciel qui envahit la scène de ce côté mais aussi cette charcuterie traditionnelle à la devanture d’un marron très foncé.

Suivant le cadrage du curé en trottinette qui se déboule, vous allez:
-décentrer votre composition,
-mémoriser l’exposition et l’autofocus
-recentrer sur votre cadrage
-et enfin déclencher.

Je peux déjà vous dire que le curé a grimpé bien loin au septième ciel.

L’idée consiste à prérégler votre exposition.

Utiliser le type de mesure que vous désirez.

J’opte même, de temps en temps, pour une cellule à main en lumière directe. C’est-à-dire que je la dirige derrière moi, dans la lumière espérée pour mon sujet.

Vous ne vous occupez plus de rien du tout.

Vous shootez.

L’avantage de cette méthode réside dans la prise de conscience des variations de la lumière.

Inévitablement, et même inconsciemment vous noterez une baisse de l’éclairage suite au passage d’un nuage.

Posez-vous la question ?

Un ou deux diaphragmes en moins ?

Mieux, débutez toujours avec le même diaphragme et la même sensibilité et ne faites varier que la vitesse.
À force, vous estimerez l’exposition aussi bien que la cellule.

Vous venez de faire un grand pas en évaluant à l’œil la lumière.

Depuis mes débuts en photographie argentique, il y a bien longtemps, j’utilise une technique dont je ne me souviens plus la provenance.
Quel ne fut pas mon plaisir de découvrir que le grand Joël Meyerowitz l’explique dans ses workshops ?

Depuis, en questionnant, je trouve de nombreux photographes qui utilisent dans le silence cette méthode.

Allez en route pour la méthode que nous allons appeler Meyerowitz !

La méthode de la main de Joël Meyerowitz

Joel Meyerowitz, photographe que l’on ne présente plus.

Vous ne connaissez pas Meyerowitz ?
Wikipédia est léger sur la chose :

« D’abord directeur artistique d’une agence de publicité, il commence sa carrière de photographe de rue en 1962, après une rencontre décisive avec le photographe Robert Frank. Il est considéré comme l’un des pionniers de la photographie couleur à une époque où domine la photographie en noir et blanc. »

Sa méthode date du siècle de l’argentique.

Je n’ai pas l’impression qu’il a changé d’habitude.
Dans un environnement instable, lorsque que vous ne pouvez pas arrêter les passants pour faire une mesure de la lumière incidente.

Petite digression, la lumière incidente est la mesure de la lumière qui tombe directement sur le sujet.
À l’inverse, la lumière réfléchie est la mesure de celle qui est réfléchie par le sujet.
Dans le premier cas on dirige la cellule à main vers la source de la lumière, dans le second vers le sujet.

Il dut développer une manière pour estimer cette fameuse lumière incidente, plus précise car elle s’affranchit des différentes capacités de réflexion du sujet.

Je ne sais comment mes oreilles ont entendu cette histoire, mais je la pratique régulièrement.

Explication de sa méthode pour la mesure de la lumière.

Regardez votre scène et tenez votre main ouverte devant.
Elle doit recevoir la même lumière que le sujet que vous désirez photographier.
Vous vous souvenez de la zone system de notre vieux ami Ansel Adams ?

Votre patte est en zone 6.
Meyerowitz propose qu’avec vos doigts joints vous fassiez un angle pour avoir la moitié de votre menotte dans l’ombre.

En clair, en ramenant vos doigts vous baissez en zone 5 (gris à 18 %)

Un des avantages de cette méthode permet de réaliser une mesure de la lumière incidente rapidement sans tout un fourbi.
Votre main et votre boitier en mode manuel et avec une sensibilité fixe suffisent.
Vous conservez cette exposition tant que les conditions ne changent pas trop.
Vous vous concentrez sur la rue et son animation.

Plutôt que bidouiller votre vitesse ou votre diaphragme, pourquoi ne pas utiliser le correcteur d’exposition ?

Si votre main est en pleine lumière et suivant votre teinte de peau, vous êtes en zone 6.
Ajoutez 1 au correcteur et la mesure sera bonne.

Nous voilà, avec une myriade d’outils à votre disposition.

C’est comme tout, l’outil va dépendre de la situation.

On tente de faire le point ?

Aller on y va !

Comment appliquer cette technique de mesure de la lumière en street photography

Mesure spot, mesure centrale pondérée ou matricielle, mais encore cellule ou tout simplement votre menotte.

On pourrait imaginer choisir son outil suivant la scène face à vous.

Ouais, pourquoi pas?

Vous allez souvent bidouiller votre engin (joie)

Je vous propose plutôt d’envisager une approche différente.

Suivant votre humeur, l’air du temps, votre envie, arrêter votre choix pour une solution plutôt qu’une autre.

Par exemple, imaginez un endroit stable en luminosité.

Option manuel et mesure sur ma main.

J’en profite pour passer pour un abruti. Je pense sincèrement que cela correspond à l’opinion qu’ont les passants alors que je vise ma main avec mon appareil photo.

Superbe occasion pour apprendre la lumière.

Des nuages apparaissent et compliquent le jeu. Je suis en forme, alors je continu en manuel sinon je bascule en pondéré ou matricielle.

Et je suis en famille, je ne m’enquiquine pas trop. Tout auto !

Pour résumer, la solution miracle n’existe pas.
Pratiquez-les toutes et vous ferez votre choix.

L’objectif reste et demeure de focaliser son attention sur le sujet à venir.

L’Éthique en Street Photography

Le choix éthique du photographe : décider jusqu’à quel niveau modifier les ambiances lumineuses

La photo de rue possède une partie documentaire à laquelle se greffent des dimensions de compositions, de lumière, d’instants, du présent appelé à disparaitre ou pas…
En pratiquant la street photography, vous vous imposez quelques règles :

  • Environnement urbain
  • présence humaine ou ressentie
  • pas d’ajout ni de suppression

Avec les technologies actuelles, toutes les modifications et inventions sont possibles. Elles parviennent à tromper tous les spécialistes et apportent souvent à vos photos.
Il importe pourtant de choisir et respecter son éthique en photo.

Jusqu’à quel point, j’altère, transforme, une image.
Limitez-vous aux bases du développement sans aller plus loin ou décidez-vous de renforcer fortement certaines couleurs ou zones du cliché ?

De même, lorsque vous ferez le choix d’une vitesse, ouverture et sensibilité, vos lumières et vos ombres seront touchées inévitablement.

La photo de rue demeure une photo documentaire.

Ensuite lors du développement, tout est possible.

À vous de décider de vos limites et de votre éthique.

Ce ciel, que vous chargez, devient menaçant. Cette partie de l’image plongée dans le noir le plus profond et ces couleurs dont vous forcez la luminosité, sont-elles acceptables pour vous ?

Il n’est pas question pour moi d’émettre des oukases.
Chacun détermine ses choix, mais il est bon de s’y tenir.

Donc définissez votre éthique et vos bornes et essayez de vous y tenir.

Pour ma part, je reste dans les limites de ma pratique en photographie argentique.
C’est très large !
Recadrage, redressement des verticales, masquages… mais jamais de suppression d’une poubelle ou d’un câble.

Bien loin de moi, l’intention de restreindre ce que doit être la photo de rue.
Vous êtes un conteur de la vie moderne. L’interprétation du tirage correspond à votre vision de la ville, de l’époque ce qui implique son développement.

La mesure de la lumière fait bien entendu partie de ce processus. Votre volonté de maintenir ou pas des ombres bouchées ou d’éviter à tout prix les zones cramées participe à votre interprétation future.

Il est peut-être l’heure de se quitter, des photos nous attendent au coin de la rue !
Allez, on récapitule !

Conclusion

Les principales mesures de la lumière en photo de rue

Nous avons revu rapidement les différentes mesures d’exposition existantes : pondérée, matricielle, spot, incidente avec une cellule ou sur votre main ou un petit coin de zone 5.
Vous deviez certainement les connaitre pour la plupart.
Mais je ne suis pas sûr que vous pratiquiez celle avec une cellule en lumière incidente ni même celle avec votre main.

Ensuite nous nous sommes arrêtés sur la notion de zone système de notre ville ami Ansel Adams. Avec un bon entrainement, vous serez capable d’évaluer un environnement avant de shooter le quidam.
Un fond de même luminosité que le premier plan n’amènera rien de bien visible.
Un ciel particulièrement brillant au-dessus d’une rue sombre, vous impose un choix d’exposition ou d’élimination du ciel dans votre cadrage.

Donc ce petit instant, qui est la mesure de l’exposition est important, elle conditionne vos futurs développements et votre vision du résultat final.

Nous avons aussi touché du doigt le gris moyen à 18 %.
Il permet de calibrer une mesure en intensité de la lumière et n’a rien à voir avec la couleur.
L’intensité lumineuse est traduite en valeur de luminosité et, avec de puissants algorithmes pour les mesures matricielles par exemple, propulse devant nos yeux une vitesse, ouverture et sensibilité.
Top !
C’est aussi simple que cela un appareil photo.

Que faire de toutes ces mesures de l’exposition ?

À vous maintenant d’explorer les différentes techniques de mesure de l’exposition, et d’apprendre à évaluer la lumière et imaginer ce qu’elle cela impliquera pour vos futurs tirages.

Mais conservez à l’esprit votre cadre de photographe de rue.
Jusqu’où pouvez-vous transiger avec la réalité de la lumière? Vos ombres doivent-elles rester détaillées ou plonger dans les ténèbres ?

Gardez-vous un ciel sans vie dans votre cadrage, ou vous autorisez-vous à le travailler et avec quelle intensité ?
L’ajout ou le retrait d’éléments, propulsent votre photo hors des limites de la street photography.

Mais bien évidemment, si vous voulez le faire, allez-y.
En revanche, vous vous serez éloigné de la photo de rue.

À vous de jouer avec la mesure de l’exposition.

Cet article ne couvre pas toutes les informations sur le sujet.
Je vous avoue que si vous désirez prolonger cette immersion, trouver des ressources reste difficile.
Furetez du côté de nos amis parlant la langue de Shakespeare, sur internet et sur des bouquins.

Deux vieux bouquins m’ont beaucoup aidé lorsque je pratiquais le tirage argentique.
L’un en français, l’autre en British.
Parlant très mal l’anglais, je vous assure qu’avec Google traduction ou un dictionnaire, on y arrive.
Ce bouquin c’est : Way Beyond Monochrome de Lambrecht et Woodhouse.

Et en français : La photo en pro grâce au Stop system de Mahé, Zakia et Brown

Allez maintenant, il est temps de prendre votre boîtier et de sortir.

La beauté est dans la rue !
Mais ne restez pas isolé et partagez vos essais, choix en commentaires.
J’attends aussi vos remarques sur la méthode Meyerowitz…
Ce n’est pas grand-chose pour vous mais cela nous permettra de progresser.

3 commentaires sur “Mesure de la Lumière en Street Photography”

  1. Article intéressant mais sujet « complexisé » pour ma part en street photo je pars avec f8, vitesse 1/125 ou 1/250 pour figer certains mouvements rapides et Iso auto. Après on peut ajuster, mais on reste concentré sur la prise de vue, le cadrage, la composition et ce qui se passe dans la rue … alors peut de place pour des réglages trop complexes …

    1. Tout à fait !
      En photo de rue, rares sont les fois où l’on peut se poser des questions philosophiques.
      On shoote et on croise les doigts pour que le compromis soit le bon.

      En revanche, certaines situations peuvent quelques fois s’anticiper par un préréglage.
      Je pense au contre-jour ou des situations générales plus claires ou sombre lorsque l’on reste dans un même éclairement.

      Si le premier shoot est souvent un acte réflexe, le deuxième, moins spontané, permet une analyse un peu plus poussée.
      C’est à ce moment que je découvre, par moment, des zones limites cramées.

    2. Excellent article et de plus très complet, ce qui est rare de nos jours. Félicitations pour cette mine d’infos pour appréhender l’analyse, la lecture et surtout comprendre la mesure de la lumière: un travail de vulgarisation remarquable !
      Personnellement ce sont les premières notions que j’ai voulu maîtriser à mes débuts dans les années 80, en dévorant tous les livres parlant de technique photo et en ne loupant jamais un numéro de Chasseur d’images (en particulier le N° 86 me semble-t-il, qui traitait de mesure de l’exposition et offrait une charte de gris). C’est de là que je pratique occasionnellement la mémorisation de la mesure sur le ciel bleu au nord, ou sur la paume de la main avec +1IL de correction… et que je ne trimballe plus guère mon flashmètre Minolta.
      Aujourd’hui un petit hybride micro 4/3 avec un équivalent 40mm f:1,7 a remplacé mes vieux Minox, XA, Mju ou autres Canon et avec infiniment plus de possibilités, d’efficacité et de confort, mais la maîtrise de l’outil quel qu’il soit, et donc l’obtention du résultat recherché, passe toujours par cette compréhension basique de la lumière et de sa mesure.

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