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Le guide de la street photography (2021)

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Belle lecture

PHOTOGRAPHIE DE RUE : KÉZACO ?

Street Photography, vous en avez bien entendu parlé.

Et, vous êtes toujours à vous demander :

Qu’est-ce que c’est ?

Quelle est son histoire ?

Comment s’équiper ?

Comment pratiquer ?

Comment éditer des photos ?

Et bien d’autres choses…

Bien joué, vous êtes au bon endroit.

Vous êtes prêt ?

Un café ou une petite bière, c’est parti dans le monde de la photo de rue !

Table des matières

Une petite histoire de la street photo

Lors de vos recherches sur le sujet, vous avez certainement remarqué une origine souvent admise concomitante avec les débuts de la photo.

En clair avec Louis Daguerre.
Ben oui.
La première ne représentait-elle pas une rue avec un cireur de chaussures ?
Ben voilà !

Première photo de street photo

Vous avez aussi dû entendre parler d’Eugène Adget qui sillonna un Paris en pleine transformation, pour vendre se se clichés aux archivistes et bibliothécaires.

La rue avec les petits métiers parisiens fut documentée. 
La photographie de rue débute.

Premier photographe de street phot ?

La grammaire sera l’œuvre de Cartier Bresson avec son célèbre moment décisif.

Une définition de la street photo, macro et largement admise, se retrouve sur Wikipédia :
La photographie de rue (« Street Photography » en anglais) est une pratique de la photographie en extérieur, dont le sujet principal est une présence humaine, directe ou indirecte, dans des situations spontanées et dans des lieux publics comme la rue, les parcs, les plages ou les manifestations.1

Mais, dans une master class de la Maison Européenne de la Photographie, Raymond Depardon nous invite à aller un peu plus loin et à nous intéresser à ce qui s’est déroulé aux États-Unis dans les années 50/60.

L’influence d’Alexey Brodovitch

Il fait référence au mouvement initié par le livre de Richard Frank : « Les Américains ».
Les protagonistes de cette époque se retrouvèrent autour d’Alexey Brodovitch aux USA.
Ce dernier enseignait la photographie au Design Laboratory.

C’était un professeur assez non conventionnel pour l’époque.

Il utilisait beaucoup les magazines européens plus avant-gardistes que leurs homologues américains. (La presse européenne au début du XXe siècle)

Il demandait aux élèves de sortir à Philadelphie dans des lieux originaux comme des usines, des laboratoires, des centres commerciaux, des projets de logement, des décharges ou des zoos.

Il leur disait: « Étonnez-moi ! ».


On y retrouvait Garry Winogrand, Joël Meyerowitz, Tony Ray Jones entre autres, qui écumèrent les rues de New York.

Ces trois-là n’allaient plus se quitter durant un bon moment, photographiant ensemble, ils sillonnaient les avenues de New York.

Le soir, les discussions allaient bon train sur la manière de shooter, analysant aussi bien le sujet que l’importance de l’arrière-plan ou de la composition.

Et, c’est surement ici qu’émergea une particularité évoquée par Raymond Depardon lors de sa master class : les trois compères s’éloignaient de la tendance sociale pour une représentation émotive et attachante de la vie quotidienne.

Liz Jobey, dans le bouquin sur Tony Ray Jones, fait référence à un nouveau genre d’expressionnisme, fondé davantage sur l’observation personnelle que sur les exigences du récit ou de l’information.

Creusons un peu ce sujet.

Vous me suivez toujours ?

Encore une petite définition avant d’étudier la question : pourquoi produire de la photo de rue ?

La définition Street Photography de Susan Sontag.

J’adore la définition de Susan Sontag, certainement parce qu’elle décrit assez bien ma pratique :

Le photographe est une version armée du promeneur solitaire qui découvre, traque, sillonne l’enfer urbain, le promeneur voyeuriste qui découvre la ville comme un paysage d’extrêmes voluptueux. Adepte des joies de regarder, fin connaisseur de l’empathie, le flâneur trouve le monde « pittoresque ».

Elle ajoute cette dimension de spectateur que l’on retrouve dans le bouquin Bystanders

Le #photographe de rue est ... le promeneur voyeuriste qui découvre la ville comme un paysage d'extrêmes voluptueux. Adepte des joies de regarder, fin connaisseur de l'empathie, le flâneur trouve le monde "pittoresque".

 

Pourquoi se lancer dans la photographie de rue ?

 

De nombreuses motivations poussent les adeptes de la street photography dans les rues.

Documentaires, style-life, recherche de composition, d’instant ou juste pour savoir à quoi les femmes ressembleront en image, les incitations à sortir son boitier sont multiples.

Pour la pratique documentaire, la photographie de rue capte la vie de la rue et révèle notre société.
Une sorte de témoignage tendre du temps qui passe.

Les photographes de rue enregistrent, créent et publient l’histoire sur nos modes de vie.
Cet aspect de la street photography lui donne une jolie fraicheur, non mise en scène et non manipulée.

Ajoutez à cela que la rue fournit des sujets facilement accessibles.
Sa production nécessite aucun déplacement, aucun éclairage ou modèle et peut être partagée aisément en ligne.

Elle reste informelle, moins contrainte par la période et les schémas.

Elle n’est pas belle la vie ?

Le plus simple consiste à écouter ce que nous disent certains d’entre eux.

Garry Winogrand

« Toutes les fois que j’ai vu une jolie femme, j’ai tout fait pour la photographier. Je ne sais pas si toutes les femmes dans mes photos sont belles, mais je sais que les femmes sont belles en photo. Je les photographie pour savoir à quoi elles ressembleront en photo. » 2

Henri Cartier Bresson

« Photographier : c’est dans un même instant et en une fraction de seconde reconnaître un fait et l’organisation rigoureuse de formes perçues visuellement qui expriment et signifient ce fait. »3

« C’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur. C’est une façon de vivre. »4

Joël Meyerowitz

En 1962, Robert Frank réalise des photographies pour un

livret conçu par Meyerowitz, et c’est en regardant Frank travailler qu’il a découvert que les photographies pouvaient être prises pendant que le photographe et le sujet étaient en mouvement !

La puissance de cette observation incita Meyerowitz à immédiatement quitter son emploi, emprunter un boitier et

sortir dans les rues de New York.

Depuis, il est dehors.5

Tony Ray Jones

« La photographie peut être un miroir et refléter la vie telle qu’elle est, mais je pense aussi qu’il est possible de marcher, comme Alice, à travers un miroir et de trouver un autre monde avec l’appareil photo. »6

Tony Ray Jones

Anonyme

 « Nous capturons vos souvenirs pour demain. »

 

 

Le boitier en photo de rue

Le boitier

Pour débuter, rien de plus simple comme équipement.
Un smartphone et une paire de chaussures suffisent !
La street photography est une école de recherche du sujet, du cadrage et de l’instant.
Pas besoin de gros zoom !
Bien au contraire, vous devez vous fondre dans la rue, la foule, les musées, et toutes les attractions ou manifestations en vous positionnant au plus près de l’action.
Le maitre mot consiste à vous faire accepter comme vous êtes sans donner l’impression de violence ou d’agression comme.

Vous prenez des photos, avec le sourire, sans tenter de vous cacher derrière un arbre avec un gros téléobjectif.

Pour le coup, vous devenez inquiétant.

Comme vous plongez dans l’action, un smartphone peut très bien suffire !

Ou si vous désirez plus de facilité ou de qualité pour les réglages de diaphragme ou de la vitesse, un petit boitier avec une focale fixe conviendra très bien.

L’important n’est pas la caméra, elles sont toutes très bonnes !
L’essentiel réside dans le choix de la focale que vous allez utiliser.
En général, elle oscille entre le 28 et le 50 mm (eqv 24X36)7

Le bon choix dépend de votre distance.

Votre distance ! Drôle de concept, non ?

Si votre zone de confort (celle où vous prenez des photos) mesure environ 1 à 2 m, alors le grand angle (28 mm24x36 ou 18 mm) est pour vous.

Si vous vous placez plus sur 9 ou 10 m, le 50 mm réduira l’étalement des différents plans mais vous permettra d’englober une scène.

Une plus longue focale compresse les différents plans et donne l’impression d’être en dehors de l’action.

Le 35 mm (23 mm en numérique APSC) reste le plus fréquent.

Allez vous balader sur l’article réservé aux inscrits.

J’y consacre une partie.

 

 

Le costume

Bon, on va faire simple.

Pas la peine de vous transformer en reporter de guerre pour photographier dans la rue.

Si vous aimez les gilets sans manches pour leurs côtés fonctionnels.

Pourquoi pas…

Mais, question discrétion, je trouve cela moyen.

Petits soucis, la photo de rue se pratique même en allant au boulot.
J’entends déjà les collègues se foutre de moi avec un tel gilet.
Ils sont taquins les bougres.

De plus, impossible de se contenter d’une balade le samedi de 14 h à 16 h.

C’est tout le temps !

Pourquoi ?

Parce que la particularité de la street photography est de rater 99 % des images.

Si vous vous débrouillez bien.

Ajoutez à cela qu’un shoot peut se présenter n’importe quand : dans le métro, en sortant du supermarché…

Un seul impératif : vous devez avoir votre boitier à la main.

Tout le temps.

Ou rapidement utilisable comme Luky Luke.

Le plus simple consiste à vivre normalement, avec les chaussures, le tee-shirt et vos vêtements habituels.

L’appareil doit pouvoir s’insérer dans la poche du manteau.

À vous de voir si vous devez changer de veste ou d’équipement.

Le fourre-tout d’un street photographer

J’en possède un.

Depuis des années, il n’a pas bougé du placard depuis que j’ai découvert que mon boitier pouvait trouver une place dans ma besace pour se rendre au boulot entre mon calepin et mon PC du taf.

Pour seule protection, un wrap épais modulé en poche au fond de laquelle attend une pile ou deux et un pare-soleil.

C’est tout.

Franchement, de quoi avez-vous besoin de plus ?
Si vous voulez aller plus loin, le post « Supprimer le sac photo » se situe dans la section blog.

La pluie

 

Il pleut sur Bordeaux. Le parapluie protège bien le photographe.

La peur de la goutte d’eau sur le boitier et vous restez figé chez vous.

Pas de panique !

Les jours de pluie demeurent les plus intéressants.

Les personnes, trop occupées à s’abriter, ne font pas attention à vous.

Bonus, le ciel avec ses nuages sombres, offre plus de texture qu’en plein été.

Mais, comment se préserver ainsi que son appareil ?

De mon côté après plusieurs essais, j’utilise un… parapluie tout simplement.

Allez faire un tour sur Photo sous la pluie : comment protéger son boitier ?

Je vais vous étonner mais je crains plus l’averse pour… mes pieds !

Marre de revenir avec mes petons trempés, j’ai investi dans des Timberland Waterproof.

Maintenant que vous êtes équipés de pied en cap, découvrons ensemble la question la plus posée : le droit à l’image.

 

 

Droit à l’image et street photography

Voilà LA question sur la street photography.

Droit à l’image, respect de la vie privée, liberté d’expression, espace public, droit d’auteur…

Et j’en passe.

Débat souvent violent, agrémenté d’arguments simplistes des deux côtés.

À cela s’ajoutent des menaces de bris de matériel ou de coup de poing.

Joie !
Si vous possédez un compte sur Twitter ou Facebook, vous avez dû constater toute l’agressivité qu’engendre ce thème.

Je n’ai absolument pas envie de ce genre d’épanchements.

Je prépare un article sur le sujet (ça va prendre du temps…).
Comme d’habitude, je vais essayer de partir dans des directions autres que purement juridiques.

Notamment, j’aimerais aborder la notion d’espace public, de rue, de sociologie et d’un brin de philosophie.

L’Espace Public

Ponton San Sebastian Espace Public Street Photo

Pour donner un avant-gout, je vous livre une citation de Henri Lefebvre (sociologue) afin de comprendre les différentes réactions.

La ville est une projection au sol des rapports sociaux;

Il existe deux catégories de rapports à l’espace :

les rapports d’appropriation (tout ce que les gens font pour exprimer leur possession plus ou moins exclusive d’un territoire : construction, décoration, occupation, propreté, barrières réelles ou symboliques, etc.) et

les rapports de domination (tous les dispositifs collectifs d’aménagement: règlements d’urbanisme, d’hygiène, de sécurité, projets d’aménagement, normes d’administration, de gestion, de promotion immobilière, police, etc.).

La forme de la ville est un compromis permanent entre la multitude des appropriations et la permanence du pouvoir politique.8

En attendant que j’aie achevé cette thématique, reprenons les bases :

La rue est un espace public.

Car une fois que l’on dit « espace public », cela ne nous avance pas beaucoup.

On va faire péter une définition, ce sera plus simple.

L’espace public désigne tous les espaces (généralement urbains) destinés à l’usage de tous, sans restriction. 9

Avez-vous remarqué le «sans restriction » ?

Il représente un « champ de libertés » beaucoup plus larges que la latitude de circuler.
Il réside tout de même quelques entraves pour assurer le vivre-ensemble et notamment pour les photographes de rue l’article 9 du Code civil et l’article 8 de la Convention des Droits de l’Homme.

Allez !

C’est parti mon kiki.

Droit à l’image

Arles photo de rue

 

Je ne suis pas juriste et je vais être très, très « léger ».

Je vous conseille les écrits d’une professionnelle.
Allez vous promener sur le blog de Joëlle Verbrugge .

Et pour commencer, allez fair un tour sur l’article concernant le droit à l’image et les autorisations qui reprend les différentes règles applicables dans le monde ainsi que plusieurs trucs comme les applications pour les autorisations.

Sinon pour résumer et vraiment parce que vous voulez rester avec moi :

Le droit à l’image ne concerne que la publication.

Toute personne a sur son image et sur l’utilisation qui en est faite, un droit exclusif et peut S’OPPOSER A SA DIFFUSION sans son autorisation 

La photographie dans les lieux publics reste libre.

Donc

Les personnes peuvent s’opposer à la diffusion de leurs images

Sauf que ce droit à l’image entre en conflit avec :

  • le droit à l’information
  • la liberté d’expression.

Belle mine, me rétorquerez-vous ?

Que fabriquer maintenant ?

Et bien, si un problème se présente, le juge va trancher.

Avant d’en arriver au tribunal regardons les deux cas.

1 Le droit à l’information prime sur le droit à l’image.

Imaginez-vous une manifestation ou l’accord de tous les participants s’imposerait pour un reportage ou une photo dans le journal !

Difficile…

Une manière idéale pour limiter la liberté d’information non ?

Que nous dit la jurisprudence ?

L’image participant à l’information dont elle est l’un des moyens d’expression, les nécessités de l’information peuvent justifier qu’il soit dérogé à l’absence de consentement de la personne dès lors qu’est démontré le rapport direct et utile de la représentation de l’image avec une information légitime du public 10

Voilà pour ce qui relève de la presse. Elle peut informer !

2 La liberté d’expression

La jurisprudence fait primer la liberté d’expression sur le droit à l’image sauf dans le cas d’une publication contraire à la dignité de la personne ou revêtant pour elle des conséquences d’une particulière gravité.11

Je vous laisse méditer cet extrait d’article « Le juge et la liberté de création artistique » d’Arnaud Montas12.

La création artistique s’inscrit dans ce cadre à la manière d’une contribution spéciale à l’échange d’idées et d’opinions, étant rappelé que selon le droit européen, la représentation et la diffusion libres des œuvres d’art ne font l’objet de restrictions que dans les sociétés autoritaires. La jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme est de ce point de vue claire : « Ceux qui créent, interprètent, diffusent, ou exposent une œuvre d’art contribuent à l’échange d’idées et d’opinions indispensables à une société démocratique.

Pour finir avec le droit français, l’arrêt Barnier procure un enseignement intéressant :

le droit à l’image doit céder devant la liberté d’expression chaque fois que l’exercice du premier aurait pour effet de faire arbitrairement obstacle à la liberté de recevoir ou de communiquer des idées qui s’expriment spécialement dans le travail d’un artiste, sauf dans le cas d’une publication contraire à la dignité de la personne ou recevant pour elle des conséquences d’une particulière gravité

Donc la liberté d’expression pour une expression artistique s’impose sauf…

Vous avez bien vu « sauf dans le cas d’une publication contraire à la dignité de la personne ou revêtant pour elle des conséquences d’une particulière gravité »

Donc, faites attention avant de publier une photo et construisez-vous une éthique.

L’éthique que j’applique

Outre le droit, qui n’interdit pas de prendre des photos, je tente de saisir le pouls de l’espace dans lequel j’évolue et je m’impose une « éthique » :

« Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi ni à personne, voilà toute morale »  La Sagesse tragique. Du bon usage de Nietzsche»

Voilà que je cite Nietzsche maintenant…

Donc, par exemple, pas d’image de mendiants.

Si je capte des clichés d’amoureux, je m’abstiens de sortir celles où le visage demeure trop reconnaissable.
Un petit indice.
Lorsque vous remarquez un couple de quarantenaires se comporter dans la rue comme des adolescents qui découvrent le bonheur de vivre à deux; évitez de publier les épreuves.
Ce ne sont peut-être pas deux célibataires qui viennent de se rencontrer…

Je n’ai aucune ambition de réaliser des photos qui peuvent créer un fort préjudice.

Respecter et sourire

Pour faire simple, j’utilise quelques règles dans la rue pour ne pas transformer une petite balade en ring de boxe.

Je ne me cache pas. Je possède un appareil photo et l’on me voit clairement shooter.
Je ne prends pas des personnes fragiles ou dans des positions difficiles.
Si je ne « sens » pas un moment ou une scène, je m’abstiens.
D’expérience, je sais que ce sera au mieux un cliché raté.

Je me méfie lors de la publication de couples un peu trop amoureux.
Et surtout, je n’hésite pas à papoter si l’occasion se présente avec le sourire.

En revanche, je souris beaucoup moins lorsque les réglages de mon boitier « bougent ».

Vous allez voir ce qui m’est arrivé.

 

 

Connaitre sa monture en photo de rue

Tout comme le cavalier qui doit connaitre sa monture, apprenez votre boitier.

Je me suis déjà assis sur un banc avec le manuel sur mon smartphone dans une main et mon appareil déréglé dans l’autre.

Je ne m’y retrouvais pas à cause d’une manipulation malencontreuse.
Un petit article reprend mes péripéties.

Apprendre son appareil

La solution : réinitialiser toutes les semaines votre boitier ensuite, vous reprogrammez les réglages que vous utilisez.
Après deux ou trois répétitions, vous pourrez passer à un intervalle d’un ou deux mois.
Si un problème se présente lors d’une sortie comme un petit dé-réglage bizarre.

Vous serez le champion en rapidité dans les méandres du menu.
Vous vous étonnerez par votre connaissance de votre appareil.

Côté réglage, prendre en compte dans cet article tous les boitiers relève de l’impossible.
Certains possèdent des fonctionnalités absentes sur d’autres.

Alors, on va faire large !

La vitesse d’exposition

La plus élevée possible !

N’hésitez pas à monter au 1/250 ou 1/500 sec.

Tout va très vite et vous devez figer l’instant.

Comme l’exposition demeure un compromis entre la vitesse, le diaphragme et la sensibilité, votre réglage va jouer sur l’ouverture.

L’ouverture

La photo de rue nécessite un contexte pour raconter l’histoire.
L’arrière-plan et la profondeur de champ contribuent au sens de l’image.
Pour un minimum de netteté, F/8, voir F/11 s’impose.
Évidemment, certaines situations vous conduiront vers des ouvertures plus grandes, mais celles proposées précédemment sont une bonne base pour le tout venant.

La sensibilité

Là aussi, n’ayez pas peur de monter dans les ISO.
Franchement si votre photo est satisfaisante, on se fout du grain !

Regardez les clichés iconiques.
Beaucoup datent d’un temps où le grain de la TRI X était reconnaissable entre tous.
Entre l’absence de grain et un bon tirage, choisissez la deuxième solution.

Mon réglage en street photography

Choisir son objectif pour la photo de rue

Je règle en priorité ouverture et je positionne mon diaphragme suivant la lumière (F/11 ou F/8).

La vitesse pointe le cran automatique. Un paramètre autorise une valeur minimale.

J’opte pour 1/250 sec. ou 1/400 sec.

Les ISO appartiennent à la plage variable de 200 à 6400.

Ainsi ils compenseront le manque d’éclairage.

L’autofocus utilise l’AFS mais je travaille le plus souvent du manuel en exploitant l’hyperfocale.

Pour la nuit ou l’intérieur, différents réglages et raccourcis permettent de s’adapter à ces conditions.
Mais ça c’est une autre histoire.

Apprendre sa focale en street photography

Dans ma jeunesse, j’ai passé une année avec uniquement un 50 mm.

Mon 28 mm et mon 85 mm étaient restés sagement à la maison.
Le but ?

Connaitre le champ du 50 mm et mémoriser la distance que j’ai avec le sujet.
Ainsi, je me positionne rapidement et j’imagine le cadre avant même de viser.

Et surtout, je peux déclencher au jugé, ce qui demeure indispensable dans la rue; tout se déroule très vite.

Apprenez votre focale.

Sans utiliser l’œilleton, essayez de shooter en pensant la composition que vous allez obtenir.

L’avantage du tir à l’aveugle permet d’assurer au moins quelque chose.
Une fois cette première image faite, vous avez toute latitude pour cadrer soigneusement le deuxième… si l’instant n’a pas disparu.
Après quelques semaines, vous serez étonné de pouvoir prendre des photos sans même poser un œil dans le viseur.
Avec un 50, l’exercice reste extrêmement difficile et demande pas mal de pratique.

Vous pouvez débuter avec un 28 mm ce qui vous amènera à vous rapprocher pour éviter des sujets de 1 mm de haut sur la photo.

La focale par l’exemple

Par exemple, pour chaque distance, j’ai simulé les cadrages possibles avec trois focales types (28 mm, 35 mm ou 50 mm équivalent 24X36).

Pour cela j’ai utilisé l’excellent simulateur DOF Simulator.

Vous êtes dans la foule; le sujet est à 80 cm

50 mm

 

50 mm

35 mm

 

35 mm

Focale 28 mm sujet à 80 cm Street photo et distance
28 mm
28 mm

Dans ces conditions le shoot à l’aveugle avec un 50 mm (eq 24X36) devient particulièrement difficile.

Le 28 mm permettra un cadrage facile.

Vous êtes toujours très proche; le sujet est à 1,5 m

50 mm

 

50 mm

Focale 35 mm sujet à 1,5 m

35 mm

28 mm

 

28 mm

Regarder la différence d’étalement des plans entre le 28 et le 50.

Ce dernier écrase plus les distances.

Vous êtes à une distance courante; le sujet est à 3,5 m

50 mm

 

50 mm

35 mm

 

35 mm

28 mm

 

28 mm

L’utilisation du 50 mm offre un angle un peu trop fermé pour englober une histoire avec plusieurs personnages.

Le 28 ou le 35 sont à l’honneur !

Vous êtes un peu loin; le sujet est à 7,5 m

50 mm

 

50 mm

35 mm

 

35 mm

28 mm

 

28 mm

Le 50 mm ne peut pas tout faire !

Rapprochez-vous de 2 m. Cela donnera plus de vie à votre image, quel que soit votre objectif.

En conclusion, la focale et la distance à votre sujet sont les principaux points à garder à l’esprit.

Si votre éloignement de confort se situe dans les 5 m, le 50 ou le 35 mm sont pour vous.

En revanche, vous risquez d’être en difficulté si vous plongez dans la foule avec la plus longue focale.

Le 35 semble un bon compromis.

 

 

 

 

 

Préparez votre sortie de street photography

Doit-on en parler ?

La photographie de rue est à 99,9 % sur l’échec.

Alex Webb

Et oui, vous reviendrez le plus souvent bredouille.
Pour maximiser ses chances de dénicher une scène ou un moment intéressant, il shooter souvent, très souvent.
En se rendant au boulot comme en allant au marché, l’appareil doit perte dans la poche.

Entre ces courtes périodes où vous êtes aux aguets, les grandes virées s’organisent et nécessitent de « s’ouvrir » l’œil.

Les longues balades

Fréquemment, je pars pour de longues balades ou je vais dans des villes à portée de train.
J’ai la chance d’habiter une région de vacances.
Un régal pour la street photography.

J’adore me préparer en feuilletant quelques bouquins avec mon café matinal.
Je navigue dans les clichés de Winogrand, Tony Ray Jones, Cartier Bresson ou tout simplement en errant sur le site de Magnum photo.

Je porte une attention particulière à la composition utilisée par les maitres de la discipline.
Une fois dans le bain : go ?

Non, je fais aussi un tour sur 20 trucs pour préparer sa sortie photo.

Vous y découvrirez comment choisir le lieu et la nécessité de faire le vide dans ses pensées.
Autre point important, le besoin de se « dérouiller ». C’est-à-dire basculer sur le moment photo en prenant quelques clichés rapidement pour se mettre en route.

À défaut, on revient à la maison bredouille et l’esprit toujours embrumé par les soucis quotidiens.

Les projets

Au-delà de la composition, les sujets qui vous plaisent méritent d’être remis en tête.
Parmi les grands classiques, on retrouve souvent les chiens (et pas les chats… allez savoir pourquoi ?) ou les pigeons, les musées, la plage, les cafés, les manifestations…

Peut-être travaillez-vous déjà les vôtres ?
Et bien, jetez-y un coup d’œil avant de partir pour vous les repasser dans la rétine.

Maintenant que notre œil est nettoyé pour une longue balade, encore faut-il faire attention à ce que nous mettons dans le cadre.

Le monde de la géométrie, comme le préconisait Cartier Bresson, nous attend.

 

 

Composition

Une scène se présente, vous possédez moins d’une seconde pour choisir, cadrer, composer et shooter.
Le plus souvent, vous ne prendrez que ce cliché !
Avec un peu de chance, vous pourrez peut-être déclencher une deuxième ou une troisième photo un peu plus réfléchies.
Donc, le mieux consistera, lorsque c’est possible, à anticiper le moment.

Les trois règles de la photo de rue

J’aime bien utiliser la règle des 3F  en street photography:

  • Le fishing.
    Vous vous postez avec un arrière-plan, bien composé, que vous désirez inclure.
    Vous patientez, vous attendez, quelquefois longtemps, qu’une situation ou une personne interagisse avec cet univers.
  • Le following.
    C’est le cas inverse. Vous avez repéré un sujet intéressant.
    Vous la précédez en essayant d’imaginer sa direction.
    Vous localisez un fond dans lequel il s’intégrera correctement et vous vous positionnez en guettant son passage.
  • Le troisième F comme…
    Je vous laisse découvrir la signification du troisième « F » dans l’article « Les trois règles de la photo de rue ».
    C’est ce qui m’arrive malheureusement le plus souvent.

Quelques compositions et cadrages

On n’y pense pas souvent mais ils existent.

Je veux parler des compositions originales.
Vous avez l’habitude de voir des clichés derrière une vitre, le travail sur les reflets, les cadres dans les cadres ou sur les silhouettes dans la lumière, mais d’autres idées peuvent être mobilisées comme les superpositions ou l’utilisation du flash par exemple.
Lors de la préparation du matin et la lecture de bouquins, attardez-vous sur les compositions pour vous les remettre en tête avant de partir.
J’ai tenté dans un article une collection des compos et des photos originales possibles.

Vous voilà enfin revenu à la maison, prêt à exposer aux yeux de tous votre production.
Super !

Mais avant d’inonder les réseaux sociaux, vous devez bosser une ou deux choses.

Ça va aller vite.

En route pour le développement.

 

 

Développement

Je vous entends déjà vous moquer de moi.

L’ancien de l’argentique qui n’a pas compris que nous vivions dans l’ère de la photo numérique.
Et non, vous avez la possibilité, et vous devez la prendre, pour améliorer vos clichés en Raw ou en JPEG.
Attention, lorsque je parle de développement, je ne traite pas d’ajouter une licorne sur la tête du facteur.
Ni même d’ôter des éléments ou de transformer un ciel serein avec de gros nuages orageux.
Le développement en street photo se limite essentiellement en des corrections de l’exposition, contraste, lumière, ombre, couleur (saturations, teintes, vibrance…) et du recadrage/redressement…

Plusieurs outils proposent d’accomplir le boulot.

De mon côté, j’utilise Lightroom qui permet aussi de trier et classer les clichés.

Il coute dans les 12€ par mois avec tous les logiciels pratiques.

J’ai testé l’application de Google sur une tablette : Snapseed.

Je le trouve très intéressant et complet pour commencer. En plus, il est gratuit.
Reste que l’archivage devra se réaliser via des dossiers ou un autre programme. C’est moins fun.

En parlant de tri et de classement, une étape se présente, exécutée avant le développement : l’editing.
Connaissez-vous ?
Non ?

Alors on y va, sinon vous pouvez sauter le prochain paragraphe.

 

 

 L’editing photo

Késako cette histoire ?

Du franglais ?

Non !

En street, vous vivrez plus de temps à l’editing qu’à sillonner la ville.
J’y consacre des soirées entières.

En quoi cela consiste-t-il ?

Le but demeure de trier ses clichés pour retenir les meilleures, mais pas uniquement sur des considérations techniques.
Le grain ou un léger défaut technique peut être tout à fait acceptable pour la photo de rue.

Si sur un sujet, vous avez saisi 4 ou 5 épreuves sous le même angle, ne conservez que la crème de la crème.
N’infligez pas aux personnes qui regardent vos tirages la tâche de les sélectionner.
Choisir c’est créer, alors faites-le.

Comment réaliser un editing ?

L’opération ne s’effectue pas en 5 minutes.

En général, je laisse « reposer » les photos une ou deux semaines, le temps d’oublier les coups de cœur ressentis lors de la prise de vue.

Ainsi, j’espère demeurer dans une posture moins émotive.

Je passe et je repasse (sans fer, oui, pas fameux comme jeu de mots) les images

et généralement je suis désolé par mes clichés.

Après deux ou trois tours, je finis par me convaincre par quelques-unes que j’isole et je développe.
Je laisse reposer la pâte et je refais quelques aller et retour sur les élues pour ne sélectionner que ce qui se trouve en haut du panier.
J’ai répondu dans le détail avec cet article : comment faire un editing photo ?

Maintenant que vous avez trié, développé et choisi, il est temps de montrer vos chefs-d’œuvre ?

Ce n’est pas une obligation…

Vous pouvez les poster bourre et balle sur Instagram ou sur votre site.
Mais vous pouvez peut-être aller un peu plus loin.

 

 

Le séquençage

Le sequençage en photo de rue

L’idée consiste à assembler plusieurs images ensemble.

En réalisant une sorte d’assortiment réfléchi de vos photos, par thème, par divers points communs présents dans tous les clichés (couleurs, objets…) vous offrez une unité, une suite, une histoire aux spectateurs.

Une autre possibilité propose de les relier à l’aide des lignes existantes.

Un peu comme si une partie de la première se continuait dans la seconde par exemple.

L’exercice n’est pas facile.

Il demande de la pratique.

J’essaie de m’y atteler lorsque je publie sur Instagram.
Évidemment, vous êtes contraint de regarder le mur (ce que peu de gens font, mais ce n’est pas important).

 

 

Les internet de street photography

Vous les trouverez facilement sur le net français avec quelques recherches sur Google.
Certains restent toujours actifs, d’autres moins.
Je préfère vous aiguiller vers des contrées que l’on visite plus rarement.
Bien que l’anglais n’apparaisse pas comme une langue commode pour moi, je traine beaucoup sur les sites et chaines YouTube anglo-saxons.

un petit couteau suisse

Oui mais comment faire si notre anglais ne trouve pas à la hauteur ?

Ben la traduction ou le sous-titrage automatique.

YouTube propose des sous-titrages, souvent imparfaits, ils permettent de comprendre le sens global de la vidéo.

Et pour les blogs ?

Là c’est avec le navigateur Chrome de Google que la chose devient possible.
Cela nécessite d’ajouter une extension à Chrome.

Elle se nomme « Google traduction » et fournit soit la version originale, soit la française.
Redoutable d’efficacité !

Vous voilà armé !

Les sites et chaines de street photography que je fréquente.

Vous avez le blog et les vidéos de Brian Lloyd Duckett : streetsnappers.

Sa chaine YouTube offre le sous-titrage en français.
Pour rester sur le clip, j’aime aussi les différentes émissions proposées par Samuel Streetlife.
Là, pas de traduction !

Mais le sous-titrage en anglais devrait vous faire réviser sérieusement votre anglais.

Toujours pour revoir votre anglais, la chaine de Sean Tucker regorge de conseils pratiques ainsi que des considérations concernant l’attitude du street photographer.

Côté Lightroom ou pour comprendre les outils de développement, j’utilise celle de Julien Pons qui elle, diffuse en français.

Autres liens pêle-mêle :

Street photography magazine

Street Hunters

Et plein d’autres accessibles sur le Net outre-Atlantique.

 

 

À votre tour !

Photographes de rue

Nous avons vu beaucoup de choses…

Tout d’abord la définition de la « street photography » et son histoire, ensuite nous avons exploré plusieurs photographes de rue au travers de citations et interprétations comme celle de Susan Sontag.

Une fois que tout cela était bien établi, nous avons étudié l’équipement le plus utile pour passer inaperçus et inoffensifs.

Enfin, nous avons abordé la question majeure. Celle qui enflamme twitter et les réseaux sociaux régulièrement : « le droit à l’image » !

Dernier petit point avant de sauter à l’eau : apprendre son boitier et les réglages. Cela évite de se retrouver sur un banc à consulter le manuel… (du vécu)

Rassuré, matériel au top, les limites du droit en tête, le grand bain de la rue s’ouvre à nous.

Il ne restait plus qu’à organiser sa sortie, cadrer, composer, éditer, développer et séquencer.

On ne pouvait pas finir ce tour d’horizon sans quelques sites en dehors de ceux que l’on rejoint habituellement sur le net francophone (je tente d’échapper aux sentiers battus).

Tout ne sera pas facile au début. Vous aurez une appréhension lorsque vous cadrerez.
Vous raterez beaucoup, énormément, à la folie, mais le résultat sera à la hauteur de tout ce travail.

À tout de suite… dans la rue

  1. Street photographie : wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Photographie_de_rue
  2. https://www.lemonde.fr/blog/lunettesrouges/2014/12/24/lhomme-qui-aimait-regarder-les-femmes-garry-winogrand/
  3. https://www.henricartierbresson.org/hcb/
  4. https://www.henricartierbresson.org/hcb/
  5. https://www.joelmeyerowitz.com/bio
  6. https://photoquotes.com/quote/photography-can-be-a-mirror-and-reflect-life-as-it
  7. L’apparition de capteurs de différents formats modifie les références des focales.
    En APSC, le 18 mm correspond au 28 mm en 24X36(Argentique).
    Pour plus de facilité, je ne parle qu’en 24X36.
  8. https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Sociologie_urbaine
  9. http://collectivitesviables.org/sujets/espace-public.aspx
  10. https://www.legavox.fr/blog/e-reputation-et-droit/droit-image-16166.htm
  11. https://blog.droit-et-photographie.com/la-jurisprudence-ne-perd-pas-la-tete/
  12. Maître de conférences HDR de droit privé et sciences criminelles, Université de Bretagne Occidentale

1 commentaire pour “Le guide de la Street photography (2021)”

  1. Super article sur la street photography. Je suis moi-même photographie et j’adore me balader dans les rues et prendre des photos sur le vif.
    Article très intéressant, qui reprend l’histoire de la street photographie.
    Merci !

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